PLF : "6 milliards d'euros rendus aux ménages l'année prochaine " ?

En cette rentrée budgétaire, le Gouvernement a axé sa communication sur 6 milliards d’euros de baisse d’impôts. Le PLF 2019 précise très exactement que « Plus de 6 milliards d’euros seront rendus aux ménages l’année prochaine » .

* Il est faux de dire que TOUS les Français bénéficieront d’une baisse de fiscalité.

En réalité, il y a des transferts de fiscalité entre Français. Certains seront plutôt gagnants (grandes fortunes, actifs, 80 % des Français payant la taxe d’habitation) (réforme de l’ISF, mise en place du prélèvement forfaitaire unique (PFU), baisse des cotisations salariales, désocialisation des heures supplémentaires, baisse de la taxe d’habitation) et d’autres perdants (propriétaires, retraités, familles, ruraux) (hausse de l’assurance emprunteur, pas de suppression de la taxe foncière et impôt sur la fortune immobilière, hausse de la CSG, quasi-gel des retraites et des allocations familiales, baisse de la PAJE, baisse des APL, hausse des carburants). Mais même les gagnants ne le seront pas tout-à-fait, car ils pourront également être concernés par des hausses de fiscalité (hausse de la CSG, des carburants, du gaz, du tabac, des cotisations Argic-Arrco).

* Il est fallacieux de dire que 6 milliards seront rendus aux ménages en 2019.

• Ce chiffrage ne prend en compte que les mesures fiscales et pas toutes les mesures impactant le pouvoir d’achat et il agrège des mesures ne figurant pas dans le PLF 2019, votées l’an passé mais à effet différé (baisse de la taxe d’habitation, seconde baisse des cotisations salariales).

• Le calcul du Gouvernement tient compte de 9,1 milliards d’euros de baisse de fiscalité (taxe d’habitation, cotisations salariales, CSG pour 300.000 retraités, heures sup, PFU) et de 3,1 milliards de hausse de fiscalité (énergétique, tabac, CITE), mais ne tient pas compte pour le pouvoir d’achat (chiffrage OFCE) de la désindexation des retraites et prestations familiales (3 milliards), de la hausse des cotisations Argic-Arcco (1,8 milliard), de la baisse et réforme des APL (1,2 milliard) et de la hausse de l’assurance-emprunteur (100 millions en 2019), soit plus de 6 milliards ! Mais en tenant compte de la hausse de la prime d’activité, du minimum vieillesse et de l’AAH (1,7 milliard), en réalité, le gain est de 1,6 milliard d’euros seulement en 2019 (et non 6 milliards).

• Mais surtout, le chiffrage de l’OFCE montre que le gain en termes de pouvoir d’achat résultant des mesures prises la première année du quinquennat n’a été que de 100 millions d’euros en 2018, alors que nous avons bénéficié en 2017 d’une croissance exceptionnelle. Soit 1,7 milliard seulement en 2018 et 2019.

• Si l’on retire de ce gain de pouvoir d’achat les mesures en faveur des détenteurs de capital (essentiellement les plus fortunés) (4,8 milliards de gains ISF + PFU selon l’OFCE), nous aboutissons à une perte de pouvoir d’achat des ménages non détenteurs de capital de plus de 3 milliards d’euros pour les deux premières années du quinquennat !