Point sur la réforme des modalités de mise en oeuvre de l'activité partielle
Dans les situations de difficultés économiques exceptionnelles, les entreprises peuvent avoir recours à l’activité partielle (ou chômage partiel) pour compenser la perte de rémunération de leurs salariés du fait d’une baisse importante d’activité. Les salariés placés en activité partielle sont rémunérés au moyen d’une indemnité versée par l’employeur à hauteur de 70% du salaire brut horaire.
Depuis le 1er mars 2020, afin de protéger l’emploi des salariés et soutenir les entreprises contraintes de réduire ou de suspendre leur activité dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, l’Etat verse aux employeurs une allocation d’activité partielle compensant intégralement l’indemnité versée au salarié.
Ce dispositif, financé par l’Etat et l’Unédic, est mis en œuvre par un décret n° 2020-325 du 25 mars et une ordonnance n° 2020-346 du 27 mars 2020.
Elargissement du dispositif
L’ordonnance ouvre le dispositif à des publics qui en sont exclus normalement :
- les salariés employés à domicile par des particuliers ;
- les assistants maternels (dans ces deux cas, l’indemnité sera égale à 80% de la rémunération nette, et le remboursement sera assuré par les Urssaf) ;
- les salariés de droit privé dans les entreprises publiques s’assurant elles-mêmes contre les risques chômage (RATP, SNCF notamment) ;
- les salariés travaillant en France employés par des entreprises étrangères ne comportant pas d’établissement en France, à condition que celles-ci relèvent du régime français de sécurité sociale et de l’assurance-chômage (c’est le cas de la compagnie Easy Jet) ;
- les salariés employés aux remontées mécaniques et sur les pistes de ski.
- Salariés à temps partiel
L’ordonnance permet aux salariés à temps partiel placés en position d’activité partielle de bénéficier de la rémunération mensuelle minimum (RMM). Ils bénéficieront d’une indemnisation ne pouvant être inférieure au taux horaire du Smic.
- Salariés au forfait annuel en jours et en heures
Les salariés travaillant sur la base d’un forfait annuel en jours ou en heures ne sont plus exclus du bénéfice de l’activité partielle si celle-ci se traduit par une baisse d’activité. Le décret lève en effet cette exclusion, qui ne permettait aux cadres en forfait annuel de bénéficier de l’activité partielle qu’en cas de fermeture totale de l’établissement.
La détermination du nombre d’heures prises en compte pour un forfait annuel en jours sera effectuée en convertissant en heures un nombre de jours ou de demi-journées. Les modalités de cette conversion seront déterminées par un prochain décret.
S’agissant des employeurs de salariés non soumis aux dispositions relatives à la durée du travail, les modalités de calcul seront également déterminées par décret. Cela permettra principalement de calculer l’indemnisation des salariés au forfait annuel en heures.
- Prise en compte des heures d’équivalence
L’indemnisation des salariés dont le temps de travail est décompté selon un régime d’équivalence est améliorée. L’ensemble des heures d’équivalence normalement travaillées est pris en compte pour le calcul de l’indemnité d’activité partielle.
- Formation
L’État prendra en charge 100 % des coûts pédagogiques de la formation de salariés en activité partielle. Par contre, ceux-ci seront indemnisés à hauteur de 70 % de leur rémunération suivant le droit commun, au lieu de 100 % habituellement.
- Salariés protégés
Contrairement au droit actuel, l’activité partielle s’impose au salarié protégé, sans que l’employeur n’ait à recueillir son accord, dès lors qu’elle affecte tous les salariés de l’entreprise, de l’établissement, du service ou de l’atelier auquel ils sont affectés.
Allocation d’activité partielle
L’allocation d’activité partielle versée par l’État à l’entreprise, cofinancée par l’État et l’Unedic, n’est plus forfaitaire mais proportionnelle à la rémunération des salariés placés en activité partielle.
Elle couvre 70 % de la rémunération brute du salarié (telle qu’utilisée pour calculer l’indemnité de congés payés), soit environ 84 % du salaire net quel que soit l’effectif de l’entreprise. Cette allocation sera au moins égale au SMIC (8,03 €) et sera plafonnée à 70 % de 4,5 SMIC.
Le plancher à 8,03 € ne s’applique pas aux salariés suivants : les apprentis, les salariés en contrat de professionnalisation, les intérimaires. Pour ces salariés, le montant de l’allocation versée à l’employeur correspond au montant de leur rémunération habituelle.
Le reste à charge pour l’entreprise est égal à zéro pour tous les salariés dont la rémunération n’excède pas 4,5 SMIC.
Cependant, rien n’empêche un employeur d’indemniser ses salariés au-delà de 70 % du salaire brut s’il le souhaite, ou si une convention collective ou un accord d’entreprise le prévoit.
Allégement de la procédure administrative
- Demande d’autorisation
Le décret accorde un délai de 30 jours après la mise en activité partielle pour formuler les demandes d’autorisation à l’administration (Direccte de la région), alors que dans le droit actuel, la demande d’autorisation doit toujours être préalable à la mise en activité partielle.
La demande peut être formulée sur le portail https://activitepartielle.emploi.gouv.fr/.
- Délai de réponse de l’administration
L’administration du travail dispose d’un délai de 2 jours au lieu de 15, à compter de la date de réception de la demande d’autorisation, pour y faire droit ou la refuser. Une absence de réponse dans ce délai vaut acceptation implicite de la demande.
- Avis du comité social et économique (CSE)
L’avis rendu par le CSE, qui doit en principe intervenir préalablement au recours à l’activité partielle, pourra intervenir après le placement des salariés en activité partielle et être adressé dans un délai de 2 mois à compter de la demande d’activité partielle.
- Durée de l’autorisation de mise en activité partielle
L’autorisation de mise en activité partielle peut couvrir une période maximale de 12 mois, au lieu de 6 mois. Cet élargissement de la période couverte doit permettre aux employeurs de faire face à l’impossibilité d’estimer la durée de la crise sanitaire et de ses répercussions sur leur activité.
Les nouvelles dispositions s’appliquent aux demandes formulées à compter du 26 mars 2020 au titre des salariés mis en activité partielle depuis le 1er mars. Elles s’éteindront à une date qui doit être fixée par décret au plus tard au 31 décembre 2020.
Selon la ministre du Travail Muriel Pénicaud, le 29 mars dernier, 220 000 entreprises avaient demandé le chômage partiel pour 2,2 millions de salariés. 8,5 milliards d’euros sont destinés à leur indemnisation, les deux tiers étant à la charge de l’Etat et un tiers à la charge de l’Unedic. Les principaux secteurs touchés sont l'industrie, l'hébergement et la restauration, la construction et le commerce non alimentaire.
Plusieurs organisations professionnelles ont évoqué des refus de prise en charge par l’administration et des différences de traitements selon les Direccte.
Le ministère du Travail a donc précisé que depuis le début de la crise, seules 28 demandes de chômage partiel ont été refusées par les Direccte à des entreprises qui n’étaient pas éligibles.
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