Remise de la médaille du Sénat à la famille de Pierre Palu, résistant, mort en déportation
Dimanche 30 avril 2023, je me suis rendu, à l'invitation de Laurent BERNARDY, maire de Banyuls-dels-Aspres, dans sa commune afin d'honorer, à l'occasion de la journée du Souvenir de la Déportation, la mémoire de Monsieur Pierre PALAU, résistant, mort en déportation en septembre 1943.
Cette cérémonie a été pour moi l'occasion de remettre à son petit-fils, Pierre PALAU, la médaille du Sénat.
J'ai prononcé, à cet effet, les quelques mots suivants :
"C’est pour moi une très grande joie de remettre la médaille du Sénat à Pierre PALAU. Cela en mémoire de votre grand-père, Pierre PALAU (1892-1943) pour son engagement durant la seconde guerre mondiale.
Car le souvenir, c’est la racine du présent.
S’il s’efface en laissant partir avec lui les combats et les sacrifices du passé qui ont fait de nous ce que nous sommes, nous perdrons une partie de notre âme. Et nous perdons le sens des valeurs et des sacrifices.
Il y a 80 ans, notre pays était occupé.
Le drapeau tricolore ne flottait plus, il était remplacé par les insignes de la dictature et du fascisme.
Votre grand-père, Pierre PALAU, fils de cordonnier espagnol et ayant déjà connu le courage de s’enroler à 21 ans au sein du 1er Régiment des Hussards de Valence lors de la Première Guerre Mondiale, n’a eu de cesse de combattre et de militer pour la liberté.
C’est ainsi, alors cheminot, voyant à nouveau l’Europe s’embraser dès 1939 et tomber sous le joug de la dictature nazie, que Pierre PALAU voit des hommes, des femmes, des enfants affluer par le Nord pour échapper à l’oppression de l’occupant et aux persécutions.
Dès lors et n’écoutant que son courage, Pierre PALAU ne se résigne pas et entre dans la résistance.
Il fait alors face de façon héroïque à la terreur et à la déshumanisation en s’engageant dans une filière de passages clandestins vers l’Espagne.
C’est alors qu’en février 1943 il est arrêté lors d’un énième passage de la frontière et conduit à la Citadelle de Perpignan pour y être torturé par la police allemande.
Sans avoir revu les siens, il sera ensuite envoyé au camp de compiègne puis déporté au camp de concentration de Mauthausen où il mourra en septembre 1943.
Ces actes de bravoures et ces élans de fraternité portent un nom : Pierre PALAU. Nom gravé à tout jamais dans ce jardin de la Résistance, célébrant sa mémoire, lui l’employé de la SNCF mort durant la seconde guerre mondiale en déportation.
Au travers de cette médaille, je veux rendre hommage à ce combattant de la première heure qui s’est levé et a payé de sa vie pour la liberté et la dignité.
Un legs qui paraît acquis mais qui est en réalité si fragile tout autant que l’est la dignité et la démocratie.
Pour défendre notre liberté nous devons conserver notre vigilance. Oui, il nous faut veiller car les termes « Liberté - Egalité - Fraternité » ont un sens qui n’a rien de banal.
Mais ils peuvent être oubliés, mal compris et pire, dévoyés.
La force de l’habitude ou parfois la résignation et l’usure peuvent recouvrir avec le temps d’une poussière fine mais qui s’épaissit chaque année le sens de ces valeurs pourtant essentielles.
Ces valeurs sont pourtant le trésor de ceux qui nous ont précédé.
Elles ont fait l’essor de notre nation.
Elles sont inévitables pour écrire l’avenir de notre civilisation. Il ne peut pas y avoir de grandeur sans valeurs et principes.
C’est pourquoi il nous faut, encore une fois, rester vigilants et persévérants, vivaces face à ceux qui souhaitent dévoyer le principe de liberté et d’égalité.
La liberté ne peut pas, par nature, se faire sans les autres. La liberté c’est la paix.
La résistance de tous, aujourd’hui comme hier, est un devoir.
Il y a 80 ans, le général de Gaulle, « chef des Français libres », créait l’ordre des compagnons de la Libération.
Le combat et l’honneur étaient ses moteurs.
Winston Churchill disait du Général de Gaulle qu’il avait emporté dans l’exil, avec lui, « l’honneur de la France. » Cet honneur de la France, c’est celui de tant d’hommes et de femmes qui sont morts pour défendre notre pays du joug du fascisme.
Ce sont ces sacrifices pour faire recouvrer sa liberté si chère et tant pleurée à notre pays. Ce sont ces anonymes qui parcouraient nos massifs qui ont répondu à l’appel.
Un appel à la résistance universel, qui a uni dans un même combat les résistants et nos Alliés.
Des combattants unis par le refus de la soumission, unis par le courage, unis dans la bravoure. Nous n’oublions pas.
La mémoire est notre devoir. Ces valeurs républicaines qui ne se sont pas éteintes pendant la Seconde Guerre Mondiale, elles sont notre patronyme commun. Nous leurs devons notre démocratie. Et nous devons notre démocratie à celles et ceux qui sont tombés pour elle. Civils, résistants, militaires.
C’est la raison pour laquelle je suis fier aujourd’hui de rendre hommage à votre grand-père, Pierre PALAU.
Car il n’existe que deux catégories d’hommes, ceux qui veulent être quelqu’un et ceux qui veulent être quelque chose.
Que cette médaille du Sénat soit le signe de notre reconnaissance."
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