Dépénalisation du cannabis
I- Suite à la sortie du rapport de Daniel VAILLANT, la « légalisation contrôlée » du cannabis fait débat au PS
Ø « Légalisation contrôlée », cela veut dire créer une filière d’Etat du cannabis en France : légaliser sa consommation pour les majeurs et assurer la production, la régulation de l’importation et la vente du cannabis dans des lieux dédiés.
· En gros, cela garantirait la « qualité » du produit pour que les gens « puissent fumer mieux » ! Naturellement, la consommation de cannabis resterait interdite aux mineurs, et conduire en état d’ivresse cannabique resterait tout aussi interdit…
· Pour ses partisans, la légalisation contrôlée permettrait de lutter contre le trafic et l’insécurité qui lui est liée. Selon eux, la pénalisation n’empêche personne de se droguer mais elle nourrit la mafia et la criminalité qui l’accompagne.
II- Une proposition doublement incongrue à la vue de l’expérience de nos voisins européens…
Ø Quand ils assouplissent leur législation, nos voisins européens se prononcent plutôt pour une « dépénalisation » que pour une « légalisation » :
· Certains pays font le choix de la décriminalisation : l’usage n’est plus objet de sanctions pénales mais de sanctions administratives. C’est le cas en Italie, Espagne, République Tchèque, Portugal, et Irlande (pour le cannabis uniquement).
· D’autres parlent toujours de pénalisation mais aménagent leur législation pour éviter de devoir prononcer dans les faits des peines de privation de liberté, comme en Allemagne, en Autriche et en Hongrie.
Ø Et surtout, nos voisins précurseurs en matière de dépénalisation ont vite fait marche arrière !
· Au Royaume-Uni, le gouvernement travailliste a réintégré le cannabis parmi les drogues dangereuses quatre ans après l’avoir déclassé.
· Aux Pays-Bas, où la consommation est tolérée, l’accès aux coffe-shops est drastiquement réduit et la distinction entre drogues dures et drogues douces est de moins en moins considérée comme un argument pertinent.
· En Espagne, alors que la gauche avait voté la dépénalisation du cannabis en 1983, le pays a fait marche arrière moins de 10 ans plus tard, après avoir constaté la multiplication par dix du nombre de morts par overdose - 93 morts en 1983 contre 813 en 1992 – et l’effet d’entraînement vers les drogues dures.
· Quant à la Suisse, elle a fini par fermer au milieu des années 1990 ses « parcs » ouverts en centre ville.
III- Légaliser : ce serait ouvrir la voie au péril sanitaire !
Le cannabis n’est pas une substance anodine : cela reste un stupéfiant qui crée une dépendance et qui a de multiples effets néfastes sur l’organisme, surtout pour les jeunes !
· Sur les poumons : le cannabis est plus cancérigène que le tabac ! Un joint contient 50 à 70% d’agents cancérigènes de plus qu’une cigarette - deux fois plus de goudron, pas d’utilisation de filtre...
· Sur le psychisme : le cannabis provoque un syndrome amotivationnel - le fumeur perd tout intérêt pour ce qu’il se passe dans son entourage -, des troubles de la mémoire et des capacités d’apprentissage. En plus, chez les sujets prédisposés, il peut provoquer des crises des paniques, crises d’anxiété sévères et révéler ou aggraver un état schizophrénique sous-jacent. Les effets sont d’autant plus graves que le consommateur est jeune. Ces effets rendent la consommation de cannabis dangereuse sur la route mais aussi en milieu scolaire ou professionnel !
· Sur le système hormonal, la consommation régulière de cannabis peut provoquer une stérilité temporaire chez les garçons.
· Sur le système immunitaire, la consommation de cannabis entraîne une diminution de la production d’anticorps.
Ø Le cannabis est stocké dans les cellules du cerveau et ses effets peuvent se poursuivre 24h après la consommation, même si l’on se sent en pleine possession de ses moyens ! C’est ce que montre une expérience américaine menée sur 10 pilotes professionnels : s’entraînant sur un simulateur de vol, ils commettaient de graves erreurs de pilotage 24h après fumé un joint et alors qu’ils se sentaient parfaitement bien.
IV- Légaliser n’entrainerait pas la fin des trafics…
Ø D’abord parce que c’est un raisonnement court-termiste ! Aujourd’hui, le cannabis, et demain, la coke, l’héroïne…
Ø Ensuite, parce que c’est un raisonnement utopique :
· On sait aujourd’hui qu’il n’existe aucun lien entre la légalisation / la dépénalisation d’une part et la fin des trafics d’autre part.
· En cas de légalisation, les mafias ne disparaîtront pas, mais le péril sanitaire, lui, augmentera mécaniquement.
· En plus, dans le schéma défendu par Daniel Vaillant – légalisation pour les majeurs, prohibition pour les mineurs – le risque est décuplé de voir se développer un trafic illicite spécifiquement ciblé vers les jeunes…
V- Le bon triptyque : interdiction, prévention, lutte contre le trafic
Ø Le Gouvernement ne reste pas les bras croisés : sur les 1,5 milliards consacrés à la lutte contre la drogue et la toxicomanie, 40% sont dévolus à la lutte contre les trafics. Les groupes d’intervention régionaux (GIR) qui coordonnent les forces de police, de douane et de gendarmerie, perturbent les réseaux et les obligent à se réorganiser en flux tendu.
Ø La prévention, c’est chaque année plus de 800 000 euros : d’ailleurs, les expérimentations chez les jeunes de 17 ans diminuent depuis 2003. D’après l’OFDT, la consommation de cannabis a atteint un plafond et connait une tendance à la baisse.
Ø On sait aujourd’hui que l’interdit joue un rôle positif dans la lutte contre la consommation de cannabis : d’après l’enquête ESCAPAD de 2009, la moitié des jeunes qui ne consomment pas de cannabis disent ne pas le faire, précisément parce que c’est interdit. Le poids de l’interdit et l’absence d’accès direct au produit expliquent pourquoi la consommation de cannabis reste très faible comparée à la consommation de tabac ou d’alcool. Comment les adultes pourront-ils dissuader les jeunes de se droguer si la consommation de cannabis se trouve banalisée ?
La légalisation reviendrait à légitimer la consommation de cannabis et la pousserait mécaniquement à la hausse ! La prohibition reste la meilleure solution pour contenir la consommation de drogues – dures ou douces – dans notre pays.
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